Chroniques de l'année 2024

Comme nous vous l’annoncions dans la chronique précédente, c’est avec Monseigneur André Marceau, notre ancien évêque, alors résidant pour sa retraite (bien méritée) à Saillagouse, que nous célébrons la Nativité. Son dynamisme et sa ferveur nous donnent de vivre de magnifiques eucharisties. Nous en sommes émerveillées et remplies de reconnaissance pour Celui qui lui a inspiré de fêter Noël avec nous !
Grâce d’autant plus appréciée à ce moment-là que nous sommes dans l’inquiétude pour notre centenaire, sœur Marie-Claude, qui vient de se casser le col du fémur le 9 décembre. Bien qu’elle surmonte l’opération, les suites s’avèrent compliquées, sa jambe ne pouvant se consolider et notre sœur ayant de plus en plus de mal à s’alimenter. Heureusement que l’hôpital de Prades peut rapidement l’accueillir, ce qui évite de longs trajets quotidiens sur Perpignan.
Nous confions notre sœur à la Sainte Famille… qui devient à nouveau la protectrice de l’année 2025 ! Celle-ci ne tarde pas à se mettre au travail, puisque quelques jours plus tard, nous accueillons notre frère Jean-Baptiste… de la Sainte-Famille pour une belle session sur la Providence, arrivée à point nommé. Nous profitons aussi de sa venue pour bénir notre nouvel ermitage dédié à Jésus, Marie et Joseph.

Peu après, Thérèse nous quitte pour rejoindre le Foyer Nazareth de Perpignan. A ce jour, elle s’épanouit dans sa formation de fleuriste et dans de belles et solides amitiés. Nous rendons grâce pour le beau chemin qu’elle parcourt.
Monseigneur Marceau, ayant visiblement apprécié son passage à Noël, accepte volontiers de fêter la Présentation avec nous, le 2 février. Et c’est au terme de cette journée (où est également célébrée la Vie consacrée) que notre sœur Marie-Claude part rejoindre son Seigneur. Depuis quelques jours déjà, son état s’était altéré et en accord avec le médecin de l’hôpital, nous avions pu la faire revenir au Carmel pour vivre sa pâque entourée de la communauté.

En plein Carême, le Père Jean-Gabriel, Prieur des Carmes de Toulouse, à la faveur d’un enseignement donné à Perpignan, nous fait la grâce d’une petite visite. Sa conférence vivifiante sur l’esprit d’enfance et deux récréations très animées (d’autant plus que son anniversaire tombe ce jour-là) constituent une pause appréciée avant de reprendre la route vers Pâques.
C’est encore avec Monseigneur Marceau que nous célébrerons la fête des fêtes ! Il y prend goût et nous aussi. D’ailleurs, Monseigneur Scherrer, invité pour le déjeuner pascal, nous annonce que le célébrant de ce jour va devenir notre aumônier à partir du 1er mai ! Joie et exultation ! Mais il nous faut garder les pieds sur terre, car il s’agit de l’accueillir dans les meilleures conditions. Et donc mettre les bouchées doubles afin de finir de réaménager la petite villa où il va loger. Heureusement, peintre, menuisier, plombier et électricien avaient déjà bien travaillé ces derniers mois au cas où…

Et nous voilà enfin au 1er mai. Toute une équipe d’amis est sur le pied de guerre pour aider Monseigneur à aménager… ce qui a lieu sous une pluie battante ! Mais personne ne s’en plaint, bien au contraire : après des mois et des mois d’une sècheresse implacable, ces précipitations sont une véritable bénédiction. Comme si le ciel voulait aussi participer à notre joie de l’arrivée de Monseigneur au Carmel…
Le 11 mai, une belle surprise nous attend : la visite du Père Agustí Borrell, premier définiteur de notre Ordre et surtout Catalan et fier de l’être. En déplacement chez nos frères de Montpellier, il ne résiste pas au plaisir de faire deux heures de route pour revoir le pays, accompagné du Père Christophe-Marie Baudoin, définiteur de langue française. Après une visite du monastère où il admire le Canigou si cher au cœur des Catalans (du Nord comme du Sud) et un repas traditionnel, le Père Agustí nous partage comment se sont vécues les récentes journées à Nemi où des Carmélites du monde entier se sont réunies pour réfléchir à la rénovation de nos Constitutions. Grâce à lui, qui fut la cheville ouvrière de ce rassemblement, nous comprenons mieux ce que nos sœurs ont vécu et nous sommes rassurées.


Avec le mois de juin, l’atelier de confitures se remet à tourner à plein régime avec l’arrivée des fraises. Cette année, elles sont exceptionnelles tant en qualité qu’en quantité. Heureusement que nos amis québécois, Yves et Louise, sont là pour nous aider à les préparer, ainsi que nos deux Brigitte, Jeannette, Eugénie et Catherine, toujours fidèles à prêter main forte. A chacun, nous disons notre immense reconnaissance pour leur disponibilité sans faille et leur efficacité !
Grâce au concours généreux de tous nos amis, nous arrivons au 29 juin, jour du jubilé d’or de Mère Brigitte, le cœur léger.

La foule des grands jours se réunit en effet pour fêter celle qui est si chère au cœur de bien des Vinçanais, de nos familles et des amis du Carmel. Les fleurs ne cessent d’affluer depuis la veille, embellissant le chœur et la chapelle. Monseigneur Marceau préside la cérémonie et le Père Louis-Marie de Jésus, Carme, donne l’homélie, intarissable sur la beauté de la vie contemplative. Mère Brigitte renouvelle ses vœux et reçoit son bâton de jubilaire sous le regard attentif et ému de l’abbé Damien, jeune prêtre du diocèse et son filleul spirituel. L’atmosphère est joyeuse et recueillie, solennelle et bon enfant. A l’issue de la Messe, tout le monde se retrouve au parloir pour saluer l’héroïne du jour et lui dire son attachement et son affection. Les réjouissances se poursuivent en communauté autour d’un bon repas catalan et d’une récréation festive. Cette journée est placée sous le signe de la fidélité : fidélité à Dieu et à son appel, fidélité à une terre et sa population. C’est l’irremplaçable témoignage de nos sœurs aînées, la vérité d’une vie, la joie de l’Epoux.
Le Carmel va de fête en fête puisque Monseigneur Scherrer vient présider la solennité de Notre-Dame du Mont-Carmel le 16 juillet. Son homélie, d’une grande profondeur, touche les cœurs et nous encourage dans notre vocation et notre amour pour Notre-Dame… Quelle grâce pour nous qu’un évêque qui aime et connait si bien le charisme du Carmel !
Le 20 juillet, en la fête de saint Elie, ce n’est pas le prophète qui nous vient sur son char de feu mais Nadège qui entre au postulat après un long et sérieux temps d’aspirantat. Nous rendons grâce à Dieu pour cette nouvelle étape qui s’ouvre pour elle et pour nous.
Au cœur de cet été bien rempli, nous avons l’immense privilège d’accueillir Madame Saule, présidente du Comité scientifique du Terra Sancta Museum de Jérusalem. Avec passion, elle nous présente le projet ambitieux de ce musée : la valorisation du patrimoine spirituel, archéologique et artistique chrétien de Terre Sainte. Nous sommes enthousiasmées et surtout cela rend notre prière plus instante pour ce pays si éprouvé aujourd'hui.
Quelques jours plus tard, un autre événement très attendu : l’arrivée d’un splendide trompe l’œil qui va magnifier la chapelle de la Sainte Vierge, qui jusqu’alors était loin d’être mise en valeur. Et pourtant, il y avait urgence à agir : située dans un renfoncement plus gris que blanc où de gros morceaux de peinture s’étaient écaillés, la statue de la Vierge Marie passait complètement inaperçue ! La rencontre avec un artiste du département, Monsieur Bernard Gout, est décisive : entre sa finesse et sa dextérité et la prise en compte de nos souhaits et de nos attentes, sa maquette nous enthousiasme et remporte l’adhésion de toutes les sœurs. Très vite, il vient placer ses magnifiques panneaux peints autour de la statue de Notre-Dame. La voici enfin, embellie comme il se devait.
Cela ne se voit peut-être pas à première vue, mais l’œuvre est remplie de symboles bibliques et régionaux ! Nous l’inaugurons début août au cours d’une messe dominicale avec bénédiction de l’artiste et de son travail.

Le Père Marie-Pierre, notre assistant fédéral, en visite fraternelle fin juillet, est donc le premier à admirer ce décor. Nous sommes enchantées de revoir notre frère et même si son séjour est trop court à notre goût, nous prenons le temps d’échanger et de lui montrer les derniers aménagements du monastère.

En août, un hôte de marque nous fait l’honneur de sa visite : le bienheureux Carlo Acutis ! Notre confesseur, Don Cédric, curé de Font-Romeu, nous apprend que les reliques de ce célèbre bienheureux vont visiter sa paroisse. Immédiatement, une sœur suggère que les reliques pourraient faire étape au Carmel, soit à l’aller, soit au retour de leur séjour en Cerdagne. Et c’est bien ce qui se réalise le 28 août au matin : en quittant la montagne pour gagner Perpignan, Carlo s’arrête au monastère et nous avons la joie de passer toute la matinée en compagnie de ce jeune saint, dont nous venions justement de lire la vie au réfectoire. Très beau moment de recueillement dans l’intimité de notre tribune.
Dès le lendemain, nous accueillons le Père Emmanuel-Marie, abbé de Lagrasse, pour réfléchir sur la vertu de prudence. « La patience obtient tout » affirme notre Sainte Mère et elle a raison : nous l’attendions depuis plus de six ans ! Ses conférences, d’une profonde limpidité et émaillées d’exemples bien concrets, nous passionnent et nous regrettons que la session soit si courte. Mais promis, il reviendra pour traiter la question de la tempérance.
Septembre rime habituellement avec confitures de mûres, de poires et de coings. Mais cette année fait exception, les fruits ayant du mal à mûrir à cause de températures un peu folles. Cela nous permettra d’échelonner le travail et de vivre une fin d’été plus paisible.
Octobre est le mois des « Thérèse ». Le 1er, c’est Monseigneur Marceau qui célèbre magistralement la Petite Thérèse. Et le 15, Don Charles, vicaire à Font-Romeu, en plus de présider l’Eucharistie en l’honneur de la Madre, nous offre une première Messe car il vient d’être ordonné quelques mois auparavant. Il reviendra quelques jours plus tard en compagnie de ses deux frères, Don Cédric et Don Antoine, pour une journée de pause au Carmel. Même si notre prière leur était acquise depuis longtemps, notre « jumelage spirituel » est désormais officiel.

A la fin du mois, Frère Jean-Baptiste de la Sainte Famille nous donne notre retraite communautaire sur le thème de l’Amour agapé et de sa mise en œuvre dans la vie quotidienne. Tout un programme pour nous réapproprier les éléments fondamentaux de notre vocation et nous donner un nouvel élan. Par un heureux hasard, la Providence veut que la Toussaint tombe au milieu des exercices spirituels. Cela nous vaut une magnifique messe présidée par Monseigneur et un beau morceau de tzouras joué par notre frère après la communion. Un avant-goût de la béatitude des saints !
Novembre : les jours raccourcissent et le froid s’installe mais ce n’est pas une raison pour entrer en hibernation. Au contraire ! Le 16, les parents de sœur Marie-Roxane, Françoise et Robert, partagent avec nous et quelques membres de la famille leur action de grâce à l’occasion de leurs noces d’or. Ils ont invité l’abbé Yannick Casajus, ami de longue date, pour célébrer cet anniversaire de mariage et nous sommes également très heureuses de le revoir et de profiter de son talent de prédicateur.

A peine remise de ses émotions familiales, notre Mère part avec ses parents à Montpellier pour un périple qui l’amènera jusqu’à Laval où a lieu la réunion annuelle des prieures. Difficile de trouver un lieu plus éloigné de Vinça ! Mais c’est sans regret car les deux jours de rencontres à l’abbaye de La Coudre sont très enrichissants et chaleureux. La visite de l’immense abbaye cistercienne puis la soirée très fraternelle chez nos sœurs carmélites de Laval sont deux beaux moments qui viennent en point d’orgue et dont nous pouvons nous faire une idée grâce aux nombreuses photos envoyées par la Fédération. La neige et le vent qui sévissent au retour (la tramontane n’est en proportion qu’une brise légère) rendent les trajets hasardeux mais toutes les sœurs finissent par retrouver leur monastère !
La salle Notre-Dame continue bien sûr sa mission d’accueil de groupes du diocèse et d’ailleurs qui prennent un temps de recollection à l’ombre du carmel : dans ce cadre, avec grande joie nous accueillons en mai les consacrés du diocèse autour du Père Glory et de Monseigneur Scherrer qui préside l’eucharistie. Quelle joie pour nous de tous vous retrouver !

Voilà brossé en quelques traits le portrait de cette année 2024. Bien d’autres événements pourraient venir le parfaire. Mais surtout, il serait incomplet sans mentionner le soutien précieux et régulier de nos familles et amis : Nos parents, grands-parents, frères et sœurs qui nous comblent de délicatesses et se montrent prêts à nous aider en toutes circonstances ; Brigitte, Eugénie et Catherine toujours disponibles pour faire chaque semaine une permanence à l’accueil et nous rendre de multiples services ; Monique et Raymonde, Brigitte, Jeannette et Madame Kouba qui n’hésitent pas à nous donnent de leur temps chaque fois que nous les appelons à la rescousse quand les fruits débordent de l’atelier ! Tous nos amis de Bages qui traversent presque le département pour nous apporter régulièrement des provisions abondantes et variées ; Monsieur Dos Santos, le Général Chatelus, Nicolas Valls qui assurent les « missions impossibles » pour nous ; nos amis de Service Amitié, Yves et Louise, ainsi que Guy et Jocelyne, qui pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines, traversent l’Atlantique pour nous aider avec compétence et générosité, sans compter leur temps et leur fatigue. A tous, nous disons notre très profonde gratitude et notre admiration pour tant de dévouement à notre égard !

Et enfin, un immense merci à tous nos prêtres qui nous donnent fidèlement les sacrements au long des jours. Merci, Monseigneur, d’avoir accepté de venir auprès de notre communauté pour nous assurer la messe quotidienne. Vos homélies nourrissantes, votre zèle apostolique et votre sens aigu du service (notamment à la sacristie !) sont un puissant stimulant pour notre vie contemplative. Merci Don Cédric pour votre fidélité à nous assurer très régulièrement le sacrement de réconciliation.
Merci Père Maximilien-Marie pour vos visites et pour la solide formation que vous nous dispensez : votre enseignement sur l’oraison a été particulièrement bienvenu en cette année de la prière. Merci Père Jean-Baptiste de Lagrasse pour vos passionnantes conférences sur l’histoire de l’Eglise et s’il-vous-plaît, montrez-vous indulgent pour notre futur examen : nous avons désormais quinze siècles à réviser !
Merci enfin à tous ceux qui ont entendu nos SOS prière pour demander de la pluie : nous et vous avons été exaucés ! Car même si les précipitations tombées restent insuffisantes, elles ont permis d’éviter une catastrophe irréversible. Ne nous relâchons pas et restons dans l’espérance afin que les nappes phréatiques puissent se recharger…

A travers tout cela, nous disons bien sûr merci au Seigneur pour sa Présence au milieu de nous, Présence qui s’est manifestée à nous au long des jours, parfois de façon inattendue, mais toujours au-delà de nos espérances !
En cette année consacrée à la prière, c’est la dévotion à Jésus Hostie qui a pris un relief tout spécial dans notre vie communautaire, sans que cela ait été prémédité ! Aussi, même si nous ne savons pas ce que sera le jubilé de l’Espérance, nul doute que le Seigneur Lui-même saura nous montrer le chemin qu’Il désire pour la communauté.
Alors que les tensions, les guerres et les difficultés de tous ordres règnent partout dans le monde, la « résurrection » de Notre-Dame de Paris en cette fête de l’Immaculée Conception constitue justement un beau signe d’espérance à l’aube de cette année jubilaire.
A l’appel du Pape François, en cette nuit de Noël, entrons profondément dans l’Espérance : Dieu nous connait, Dieu nous conduit. Il peut tirer un bien de tous nos actes. Il nous aime comme il aime l’Enfant Dieu. Mettons notre confiance en Lui. Il est notre Père.
« Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, ….
Dieu seul suffit. » Ste Thérèse d’Avila


Carmel de Vinça