L’atelier des confitures
Un défi à relever
Début 2012, après la belle année des 150 ans de notre carmel, un défi nous attendait: nos sœurs aînées s'envolaient vers le Ciel, les cotisations des plus jeunes augmentaient, le travail traditionnel tel que broderie en cellule, couture ou confection d’images devenait mal adapté à notre époque et peu rentable. Par conséquent, nos ressources s’amenuisaient... Il fallait donc trouver un travail qui réponde à trois exigences: qu’il soit suffisamment rémunérateur, qui s’accorde aux conditions de vie d’un monastère et qu’il ne requière pas une trop grande technicité afin que le maximum de sœurs puisse y participer.
Nous avons réfléchi en communauté, tentées un moment par la fabrication d’hosties. Beau travail pour des contemplatives, mais le coût élevé du matériel, dans un secteur déjà saturé et peu prometteur, nous dissuada rapidement. Que faire ? Pourquoi ne pas choisir d’accroître la production de nos confitures, déjà significative chez nous, au pays des fruits du soleil: abricots, pêches, figues, pastèques, mais aussi citrons, oranges, kumquats, etc…? Le projet fédéra la communauté: chacune savait qu'elle pourrait travailler, d'une façon ou d'une autre, à l'élaboration des confitures: tri des fruits, lavage, cuisson, mise en pots, étiquetage, vente.
Le choix du local se présenta comme une évidence. Il y avait de l'autre côté du jardin un vieux bâtiment aux multiples usages: buanderie, cave à vin, vague installation qui permettait, l'été, de transformer en confitures l'excédent de nos fruits. Cette bâtisse qui ne manquait pas de charme, finissait par menacer ruine. C'est tout naturellement que vint l'idée de la transformer en atelier de confitures «aux normes».
La Fondation des Monastères (www.fondationdesmonasteres.org) accepta de nous procurer une partie des fonds nécessaires pour l’aménagement de cet atelier: les travaux pouvaient donc commencer.
Dès le printemps 2012,notre fidèle équipe de maçons de Rodès se mit à l’ouvrage... celui-ci allait se révéler plus important que prévu, car, à part les murs, tout était bien délabré: le toit comme les charpentes. Il fallut sacrifier le vieux lavoir, amener le gaz et l'eau potable... Au milieu de l'été, le plus gros du chantier était terminé et début septembre, grâce au don providentiel d'une bienfaitrice de la région, l'atelier était équipé. Eviers, plans de travail, tables, placards, le tout en inox, four, plaques de cuissons, tout était prêt pour commencer à produire. La pièce de stockage, flambant neuf elle aussi, n’avait plus qu’à être remplie de bocaux pleins de nos premières confitures «normalisées».
Celles-ci furent confectionnées à la fin de l’année 2012. Mais aussi quelques biscuits, bien appréciés par nos clients.
Les différentes étapes de la fabrication des confitures:












La commercialisation

Après la question de la production, vint celle de la vente de nos produits. Aussi, dès juin 2013, la boutique Saint Joseph,en face de la chapelle, à la place de l'ancienne salle à manger des tourières, ouvrit pour accueillir sur de magnifiques étagères nos pots aux couleurs de pierres précieuses. Que de générosité déployée de la part de nos parents et amis pour nous aiderà aménager ce nouveau lieu de vente !

Conjointement aux installations matérielles, nous avons décidé de faire bénéficier de la marque Monastic nos confitures et autres produits réalisés au carmel, dans le but de leur donner une plus grande crédibilité auprès de nos acheteurs (le logo Monastic affiché sur les articles garantit que ceux-ci ont bien été fabriqués dans l’enceinte du monastère, sous la responsabilité des moniales, et qu’ils ont donné lieu à une ouvraison substantielle) et de les protéger des risques de concurrence déloyale.
Les recettes de nos confitures se sont peu à peu améliorées, des créations sont nées, associant avec bonheur plusieurs parfums: «poire-vanille», «citron-kumquat», ou "pastèque-noix" autant appréciées que les traditionnelles confitures d’abricot, fraise, orange ou pêche.
La biscuiterie se développe, plus lentement certes, mais progressivement différentes variétés sont testées et fabriquées. Actuellement, nous proposons deux types de biscuits: les cookies et les dollars (biscuits aux raisins secs et rhum).


En trois ans, que de chemin parcouru depuis nos cuissons sur une vieille cuisinière dans un recoin de la buanderie jusqu’aux bassines qui se succèdent sur deux grands feux, au centre de cet atelier spacieux, clair et fonctionnel. Baptisé «atelier Béthanie», il répond bien à son nom: par le travail que nous y faisons, telles des Marthe soucieuses de servir le Seigneur, il nous permet de gagner notre vie afin de poursuivre notre vocation de prière, telles des Marie recueillant les enseignements de ce divin Maître.

Voir article de l'Indépendant du 31 juillet 2015